Culture
Comprendre les insuffisances du festival “Gabon 9 Provinces” en trois leçons
Sous le haut patronage du Président de la République Gabonaise, Chef de l’État, Son Excellence Ali BONGO ONDIMBA, le Ministre de la Culture, des Sports, Chargé de la Jeunesse et de la Vie Associative Franck NGUEMA a procédé le jeudi 08 août 2019 au lancement officiel du festival culturel dénommé “Gabon 9 Provinces” sous le thème “Langues locales et Jeunesse”. Comme tous les évènements populaires à caractère festif, Gabon 9 Provinces (G9P) a enregistré une grande affluence. On compte par millier, les Gabonais venus des 4 coins du pays pour célébrer leur culture et leur identité. Nonobstant cet afflux de spectateurs, quelques manquements sont à déplorer. Nous en a avons relevé 3: de l’ethnocentrisme à l’organisation défectueuse en passant par le choix inapproprié du thème qui ne reflète pas dans tous les aspects le déroulement de la manifestation.
1) L’unité nationale mis en mal
L’objectif principal du festival Gabon 9 Provinces est de présenter la richesse culturelle traditionnelle des différents ethnies et peuples du Gabon. Pour Franck NGUEMA, ministre de tutelle, «Le thème retenu cette année s’inscrit dans le cadre de la valorisation et la promotion de notre riche patrimoine linguistique qui se meurt et dont les jeunes doivent se réapproprier». Cet événement vise à unir le peuple gabonais autour des valeurs culturelles et du patrimoine national mais au lieu de cela, il favorise le repli identitaire et participe à la division des fils et filles du pays. On se perd très facilement entre fierté ethnique et ethnocentrisme. Certains internautes gabonais se lancent dans des compétitions de toute sorte. D’autres parlent même de “Remontada”, un néologisme espagnol beaucoup utilisé en milieu sportif, principalement dans le Football et qui peut avoir le sens de “revanche” ou de “vengeance” selon le contexte.
Les réactions des internautes sont nombreuses à ce sujet. C’est, par exemple, le cas de Need qui s’interroge: «Quand le concept Gabon 9 Provinces vire au tribalisme. Objectif atteint ?» Pour Maurel, un autre internaute: «La fierté ethnique et la forme de repli identitaire observés maintenant ne devraient pas avoir de place alors qu’on fête l’indépendance de notre pays, le Gabon est un et indivisible. La fierté doit être nationale, aucun débat ne saurait démonter le contraire». La cohésion sociale et le vivre-ensemble semblent visiblement menacés par des attitudes jugées tribalistes pour beaucoup de Gabonais.
2) Un concept mal approprié
Cette année, le festival “Gabon 9 Provinces” avait pour objectif d’amener la jeunesse gabonaise à se réapproprier ses valeurs culturelles. Mais était-ce vraiment le cas? Les langues gabonaises sont essentiellement parlées car l’oralité prime dans les coutumes du Gabon. Pourtant les contes ancestraux et les épopées ont été relégués au second rang en priorisant les sketchs et le slam venus d’ailleurs. C’est certainement dans ce sens qu’Aude, s’interroge sur Facebook : «Moi je comprends pas. On dit valoriser la culture [gabonaise, NDLR]. Le thème langues locales. Mais il y a des artistes qui viennent même chanter en anglais, font du gospel, dansent des danses étrangères et chantent en français. Franchement!!!»
Beaucoup de spectateurs et téléspectateurs ont été surpris de voir sur scène des artistes évoluant dans la musique urbaine et moderne avec des chansons dans un langage grossier, ordurier et pervers faisant la promotion de l’alcoolisme, des drogues et de la dépravation des mœurs. Un autre fait pour le moins insolite. C’est le cas d’un jeune artiste du Haut-Ogooué (G2) qui a interprété un morceau dans lequel on pouvait entendre “Mpoulou ndè djia” repris plusieurs fois en refrain. Traduit littéralement de l’Obamba cela donne “Son pénis là”. Qui a envie d’entendre cela lors d’un événement qui célèbre la culture et les valeurs traditionnelles d’une nation? C’est une manière assez particulière de réconcilier la jeunesse avec sa culture.
3) Une organisation défectueuse
Dans la nuit du 11 août, on a vu l’artiste Créol tomber sur scène en direct à la télévision nationale. Heureusement, elle a pu être amenée dans une structure hospitalière pour subir des soins médicaux. La nouvelle a défrayé la chronique ces derniers jours sur la toile. Ce fait malheureux a permis de se compte que le comité d’organisation de “Gabon 9 Provinces” n’a pas prévu des ambulances médicalisées pour administrer les premiers soins en cas d’urgence. C’est pourtant l’une des préalables dans l’organisation d’un événement d’une telle envergure.
Le 15 août tard dans la nuit, on apprend sur la page Facebook de “Gabon 9 Provinces” que certains artistes confirmés du Woleu-Ntem (G9) qui ne se sont pas inscrits dans la période réglementaire souhaitent prendre part au festival. Une requête reçu favorablement par les organisateurs en tête desquels le Ministre de la Culture, M. Franck NGUEMA. D’ailleurs les artistes Alexis ABESSELO et NDONG MBOULA ont de suite informé leurs fans sur leurs pages Facebook respectives. Une mesure qui ne fait pas forcément l’unanimité alors que certains artistes en herbe de la même localité qui se sont enregistrées dans les délais n’ont pas été retenu pour l’occasion.
Pour les organisateurs, la 3emè édition du festival “Gabon 9 Provinces” « […] se révèle être un grand succès populaire par l’affluence massive des populations […] »
Culture
La Conférence des auteurs: l’ambassade du Gabon ouvre ses portes aux passionnés de littérature africaine
Le 27 avril 2024, les amoureux de littérature et d’écriture africaine et afro caribéenne ont honoré à la conférence des Auteurs, qui s’est tenue à l’ambassade du Gabon en France. Cette première édition, organisée par l’association Ozouaki, a été particulièrement enrichissante.
Sur place, les participants ont pris part à des ateliers captivants, qui les a plongés dans la diversité de la littérature africaine. L’occasion pour ces amoureux du livre, d’échanger avec les professionnels de l’industrie littéraire, présents lors de cette rencontre.
Si ces retrouvailles ont été l’occasion de valoriser la richesse culturelle de l’Afrique subsaharienne et de mettre en lumière ses auteurs. Elle a également été le lieu pour les organisateurs de cet événement, d’adresser leur gratitude à l’ambassadeur du Gabon en France, Marie Edith TASSYLA DOUMBENENY d’avoir ouvert les portes de l’ambassade pour abriter cette rencontre exceptionnelle.
Musique
Gabon: Emma’a et Alzheimer
Défaut de communication, immaturité ou simplement manque de professionnalisme, l’artiste Emma’a a accumulé des “bourdes” qui lui ont valu les critiques des internautes gabonais. La joie partagée de son succès aura été de courte durée, car au lendemain de son récompense au primud, comme “meilleure artiste d’Afrique centrale ”, la jeune chanteuse, a pour ainsi dire “snobé” la communauté et le pays qui l’ont porté jusqu’à ses premiers succès.
Pour ainsi dire, invitée sur le plateau de la radio ivoirienne “Liferadio”, l’étudiante a été interrogée sur les raisons qui guident sa volonté de s’installer en Côte d’Ivoire. Simulant un accent ivoirien, a elle admis que, la musique, au Gabon, ne nourrit pas son homme. Selon elle, «le Gabon est recroquevillé sur lui-même au niveau musical (et tout). En vérité quand tį u es au Gabon, que tu commences à buy (avoir du succès) il faut vraiment sortir. C’est important, pour chercher des opportunités». Des opportunités qu’elle estime plus nombreuses en Côte d’Ivoire.
Pour les internautes et fans de l’artiste, ces mots sonnent comme un dédain, pour les gabonais qui ont soutenu jusqu’ici sa carrière, notamment sur les réseaux sociaux où ses titres étaient repris en boucle pour des “challenges”. Lui donnant ainsi «une visibilité énorme, parce que les gabonais ont mis “les organes” sur sa musique», rappelle un activiste déçu.
Le témoignage selon d’autres de l’ingratitude de l’artiste. Qui, non contente du soutien de ses compatriotes, «snobe», ceux là même qui la portent lors de ses sorties à l’international et lui apportent leurs votes lors des compétitions. «Ce ne sont pas les ivoiriens qui ont voté pour toi lors du Primud, ce sont les gabonais». Ce, sans compter les mots qu’elle a eu à l’endroit de son ex- producteur, celui qu’elle disait être «le père que Dieu m’a donné».
Pour rappel, à la méconnaissance de la jeune artiste, peut-être, le Gabon abrite des artistes de renom, des icônes, qui n’ont pas eu besoin de sortir pour “buy”. L’on côté encore à travers l’Afrique, Oliver NGOMA, Vickos Eckondo, Patience Dabany, Mackjoss, Shan’l la Kinda qui a été plusieurs fois primée à travers le continent. Pour ne citer que ceux-là.
Piquée par les réactions des internautes qui ne sont pas allés de main morte, Emma’a a tenté de rectifier le tir, en invitant ses concitoyens à la prendre «comme une petite soeur». Lors d’une autre émission radio, où elle a reconnu s’être «mal exprimée» et avoir été «mal comprise», la jeune femme a dit son amour pour son pays en exécutant quelques passages de l’hymne national, la Concorde.
Musique
Primud 2023: “on l’a eu”, Emma’a sacrée meilleure artiste d’Afrique centrale
Succédant à Shan’l “la kinda” sur le tableau des gabonais ayant remporté ce trophée, Emma’a a été honorée, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, du prix de la meilleure artiste de l’Afrique centrale. Nominée à plusieurs reprises pour des prix de différents ordres, ce 19 novembre 2023, elle a raflé devant les artistes de renom tels que Ya Levis, Extra Musica Nouvel Horizon, Afara Tsena, Innoss’B, Blanche Bailly, Krys M, KO-C, Mimie et Phill Bill.
De bonne augure pour sa carrière en pleine ascension, alors que la jeune chanteuse gabonaise a sorti son premier EP quelques jours plus tôt. «C’est mon premier prix, c’est ma première fois au Primud, J’aimerai remercier toutes les personnes qui ont cru en moi, qui croient en moi depuis le début. J’aimerai remercier toutes les personnes qui ont voté pour moi. Tous ces fans, toutes ces personnes que je connais pas qui me soutiennent de près comme de loin. J’aimerai remercier les gens de l’ombre, toute mon équipe», rapporte nos confrères de “Stars 241”.
À ses fans, toutes ces personnes qu’elle ne connait pas, mais qui lui ont apporté la force pour y arriver, l’artiste les a associé à sa victoire sans en oublier un seul. «On l’a eu. Tous ensemble ! Merci à tous,ce trophée est à nous tous !», a-t-elle adressé avec reconnaissance sur Facebook, à leur endroit. Une fierté nationale, que les gabonais espèrent voir se réitérer à d’autres occasions.