Politique
Gabon: quid de la nomination de Noureddin BONGO VALENTIN au sommet de l’État ?
Ce vendredi 6 décembre 2019, Jessye ELLA EKOGHA, fraîchement nommé porte parole de la Présidence de la République, a fait le point sur les nominations intervenues le 5 décembre dernier. Sa première rencontre avec la presse nationale a été l’occasion, de justifier les choix du président de la République, notamment celui de son fils Noureddin BONGO VALENTIN, au poste de coordinateur général des affaires présidentielles.
Outre les changements observés au sein du gouvernement, le Conseil des ministres du 5 décembre a été marqué par la réorganisation des services de la Présidence de la République. En tête de laquelle, la nomination de Noureddin BONGO VALENTIN en qualité de coordinateur général des affaires présidentielles. Chargé d’assister le président de la République dans la conduite de toutes les affaires de l’Etat et de veiller à la stricte application de ses décisions, ce dernier, selon le porte-parole dispose des compétences requises pour assurer cette fonction.
«Un, il a toutes les compétences requises. Je vous rappelle qu’il est diplômé de deux des établissements les plus prestigieux au monde, l’Eton College, l’Institut d’études orientales et africaines, la London School of Economics notamment. Et qu’il dispose d’une solide expérience professionnelle – il a été DGA d’Olam Gabon, la plus grande entreprise privée du pays – et d’une parfaite connaissance de la chose publique et du fonctionnement de l’Etat», justifie-t-il.
Par ailleurs, et plus important dirons-nous au vu des récents événements au sommet de l’État, «Noureddin BONGO VALENTIN dispose de la confiance absolue du chef de l’Etat qui est libre de choisir, sans exclusive, les personnes avec lesquelles il souhaite travailler», a ajouté Jessye ELLA EKOGHA, à l’attention des pourfendeurs des choix de collaborateurs du président, arguant au passage des cas des pays souvent cités comme modèles en matière de gouvernance et de démocratie.
«Est-ce si extraordinaire que cela pour un Président de la République de s’entourer, dans le cadre de son travail, d’un membre de sa famille ? D’abord, au Gabon, par le passé, on a déjà connu une telle situation. Ensuite, si on regarde ailleurs dans le monde, on constate que c’est une chose courante. Un exemple ? Allez, je vous en donne deux. Le président de la première puissance mondiale, les Etats-Unis, Donald TRUMP a pour principaux collaborateurs sa fille, Ivanka TRUMP et son gendre, Jared KUSHNER, tous deux occupants des fonctions officielles importantes à la Maison Blanche».
Cette position servira-t-elle à taire les rumeurs sur une éventuelle monarchisation du pouvoir gabonais? Pas si sûr! Quelques heures après la nomination de Noureddin BONGO VALENTIN, une partie de l’opposition par la voie d’Alexandre BARRO CHAMBRIER, président du Rassemblement pour la patrie et la modernité (RPM) s’est empressé de crier aux loups. Et, l’homme politique a indiqué dans une publication sur son compte Twitter, que la propulsion du fils d’Ali Bongo Ondimba au sein de la présidence de la République comme « une provocation de trop».
Politique
Gabon: le 1er Conseil des ministres de l’année 2025 convoqué un dimanche
Deux semaines après le dernier, le Président de la Transition (PRT), Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA a convoqué ce dimanche 05 janvier 2025 son premier Conseil des ministres de l’année. Après un long périple marqué par plusieurs étapes , l’Ogooué-Ivindo, le Woleu-ntem pour terminer dans le Haut-Ogooué, ce 04 janvier, où il a tantôt communié avec les populations, tantôt inspecté des chantiers en cours quelle pourrait être la raison de cette réunion un dimanche ? Dimanche jour de repos, jour du seigneur mais pas de répis pour OLIGUI NGUEMA. Ce dernier, avec une actualité sociale et politique brûlante a certainement de bonnes raisons de convoquer en urgence un tel conclave le premier du genre depuis l’arrivée de la Transition qui se tiendra un après-midi.
Politique
2025 année de l’émergence au Gabon, où en est-on malgré l’éviction de l’émergent en Chef ?
La fièvre de l’émergence a gagné peu à peu l’Afrique subsaharienne dès le début des années 2000. Le terme employé pour définir ce qui serait la nouvelle trajectoire ces pays a remplacé le mot développement qui fait désormais complètement « has been ». Disons que si au XXe siècle, l’Afrique subsaharienne était censée se développer, au XXIe siècle, elle a le devoir d’émerger. A cette époque, sur 54 pays africains, 37 ont lancé un plan visant à devenir un émergent à moyen terme. Le Gabon n’étant pas en reste s’est lui aussi doté, en 2009, d’un « Plan Stratégique Gabon Émergent » (PSGE) 2025. Ce dernier, proposé par le Président Ali BONGO ONDIMBA, visait à diversifier l’économie gabonaise et à promouvoir des secteurs clés tels que l’industrie, les services et l’économie verte.
L’émergence signifie que des mutations socio-économiques profondes sont à l’œuvre. L’urbanisation est rapide et change les modes de vie. Une classe moyenne fait son apparition. Loin d’un révisionnisme fortuit, 16 ans après, nonobstant le passage du PSGE, au Plan d’accélération de la transformation (PAT), pour le Plan national de développement pour la transition (PNDT), paraît-il désuet aujourd’hui d’en parler ? Concernant toujours le PSGE, peut-on dire que l’objectif a été à minima atteint ? Si l’on s’en tient au fait, bien-sûr, que le putsch d’août 2023, qui a mis fin au magistère d’Ali BONGO ONDIMBA, a porté un coup de frein cette marche vers l’émergence dont la date butoire était fixée à l’an 2025.
Dans un prochain numéro, point par point, nous ferons un bilan de cet ambitieux projet qui a alimenté moult conversations, créé des courants politique. Si avec la transition nous avons une vague idée de là où nous allons, il serait tout aussi judicieux de regarder d’où l’on vient afin de ne pas répéter les mêmes erreurs.
Politique
“Gabon pays riche peuple pauvre”: vers une redistribution équitable des richesses nationales? OLIGUI NGUEMA s’y engage
Un «Chef ce n’est pas un chiffon», a-t-on coutume de le dire. Le Président de la Transition (PRT), Chef de l’État, Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA, comme la tradition le veut, a délivré son discours à la Nation, ce 31 décembre 2024. A cette occasion le PRT a délivré un message qui a capté la modeste attention de notre rédaction : «la répartition équitable des richesses nationales ». Tout en sachant que selon une enquête récente de la Banque africaine de développement (BAD) 39,2 % du peuple gabonais vit sous le seuil de pauvreté (soit plus de 900 000 personnes). Car vivants avec moins de 600 francs par jour.
Si ce petit État pétrolier a toujours su compter sur ses réserves pétrolières pour renflouer ses caisses, les différents régimes, celui du père BONGO ONDIMBA et son fils, n’ont jamais su partager la manne pétrolière avec le plus grand nombre. De quoi alimenter la frustration sociale. Au point de créer un slogan bien connu pour désigner cet État, «Gabon, pays riche, peuple pauvre ». Le scénario craint s’est finalement concrétisé avec l’arrivée des militaires le 30 août 2023. Dénonçant, «une gouvernance irresponsable, imprévisible qui se traduit par une dégradation continue de la cohésion sociale risquant de conduire le pays au chaos».
En effet, avec un PIB par habitant de 8 600 dollars le Gabon est le quatrième producteur de pétrole de l’Afrique subsaharienne, le pays possède de nombreuses ressources minières comme de l’or, de l’uranium, du fer. Son territoire est composé à plus de 90% par des forêts. Toutefois, ⅓ de sa population vit sous le seuil de pauvreté. Le taux de chômage est très élevé, 30 %, avec notamment une jeunesse qui peine à trouver un emploi dans le pays, et cherche desormais des perspectives à l’étranger.
Selon certains observateurs à l’instar d’Alain KARSENTY, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD), le paradoxe est flagrant. Selon lui, le Gabon «est un pays qui a beaucoup de ressources minières, pétrolières, forestières, qui a une certaine croissance, mais qui semble avoir un certain nombre de difficultés d’ordre macroéconomique interne pour financer un certain nombre d’engagements sociaux pour la population», a-t-il .
L’engagement est pris et le général Président s’y engage personnellement. L’année 2025, qui est également celle de la fin de la Transition, est le top départ d’un combat de longue haleine qui s’annonce d’ores et déjà ardu..