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Afrique

Candidature d’Alassane OUATTARA: la Côte d’Ivoire retient son souffle

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Ce samedi 22 août 2020, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), parti au pouvoir, a investi Alassane OUATTARA comme candidat aux prochaines élections présidentielles, au Stade Houphouët-Boigny. La détermination du président sortant de briguer un troisième mandat fait craindre de nouvelles heures sombres dans le pays. Entre manifestations locales et silence gêné de la communauté internationale, la Côte d’Ivoire retient son souffle, d’après une tribune de notre consœur Marie-France RÉVEILLARD, dont la rédaction de VXP241 vous propose la lecture en intégralité.

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« J’avais déjà commencé par préparer ma reconversion en mettant en place la Fondation Internationale ADO dont le siège est presque fini mais la mort du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly m’amène à reconsidérer ma position » déclarait Alassane Dramane OUATTARA (ADO) au lendemain du décès de son fidèle lieutenant, Amadou Gon COULIBALY, le 8 juillet dernier. « Je suis donc candidat à l’élection présidentielle du 31 octobre 2020 » annonçait-il finalement, le 6 août à la télévision nationale. Le président du RHDP qui promettait en mars, qu’il ne briguerait pas un troisième mandat, a donc procédé à un rétropédalage contrôlé dans son discours à la Nation, à la veille de l’anniversaire de l’Indépendance de la Côte d’Ivoire. Depuis, la tension est montée d’un cran…

En effet, alors que la Constitution limite à 2 le nombre de mandats présidentiels, le pouvoir en place considère que l’adoption de la nouvelle loi fondamentale de 2016 a remis les compteurs à zéro. Aussi, après la mort du Premier ministre, dauphin attitré du président sortant, ADO cherche à jouer les prolongations tandis que l’opposition ne décolère pas.

Henri Konan Bédié, candidat déclaré du PDCI-RDA à l’élection présidentielle avance l’illégalité de ce 3ème mandat tandis qu’Assoa ADOU, le Secrétaire Général du Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent GBAGBO (ndr : acquitté et libéré sous conditions par la CPI, en attente de son passeport) évoque un « sentiment de désolation » à l’annonce de cette candidature. De son côté, Guillaume SORO du GPS (Générations et peuples solidaires) prévient la communauté internationale, qu’avec une telle décision, Alassane Dramane OUATTARA pourrait bien « enflammer » la Côte d’Ivoire.

Depuis cette annonce retentissante, les échauffourées se multiplient et mercredi 13 août, 4 personnes ont perdu la vie lors de manifestations des Ivoiriens opposés à cette nouvelle candidature.

En Guinée, le président Alpha CONDÉ, au pouvoir depuis 2010, observe la situation avec la plus grande attention. Arrivé au terme de son second mandat, il pourrait bientôt briguer un 3ème mandat (ndr : élections programmées le 18 octobre 2020) en dépit des contestations populaires et des manifestations de l’opposition qui ont déjà fait plusieurs victimes. Les réactions à la candidature de son homologue ivoirien seraient donc de nature à influencer la décision finale du président guinéen, se murmure t-il à Conakry.

Depuis une quinzaine d’années, à l’instar de la Guinée et de la Côte d’Ivoire, une douzaine de Chefs d’Etat africains ont modifié leur Constitution afin de prolonger leur mandat. En Ouganda, la réforme de 2005 a permis à Yoweri MUSEVENI de ne plus être limité pas le nombre de candidatures (ndr : il dirige le pays depuis 1986). Le Tchad a également supprimé cette limitation dès 2005, tout comme le Cameroun en 2008 (ndr : Paul BIYA campe le pouvoir depuis 1982), Djibouti en 2010 et le Rwanda en 2015. La même année, Denis SASSOU-NGUESSO briguait un 3ème mandat à la suite d’un référendum controversé. En 2015, la candidature de Pierre NKURUNZIZA à un 3ème mandat a plongé le pays dans une crise sévère (ndr : le président burundais meurt peu avant la fin de son 3ème mandat, le 20 juin 2020).

Dans la Nation arc-en-ciel, la candidature d’Alassane Ouattara passe mal. Thabo Mbeki, l’ancien Président sud-africain entre 1999 et 2008, n’a pas mâché ses mots auprès de nos confrères de CIVNewsAfrik. « Alassane OUATTARA est un homme qui n’a ni foi en l’honneur ni parole d’honneur » a-t-il lancé. « Je serai toujours surpris de la distance qu’il est prêt à parcourir dans le seul but de contenter ceux qu’il y a cinquante ans mettaient son peuple dans les chaînes de l’oppression. Je me sens un peu responsable de la situation Ivoirienne dans la mesure où c’est moi qui ai persuadé le Président GBAGBO de permettre à OUATTARA d’être candidat. Je n’ai pas assez de mots pour vous dire le dégoût que m’inspire cet homme », a-t-il poursuivi. Le franc-parler de Thabo MBEKI contraste avec le silence de la communauté internationale. De Paris à Washington, les autorités sont dans l’embarras et les réactions à la candidature du président ivoirien se font attendre. Il en va de même du côté des institutions africaines telles que la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou de l’Union Africaine (UA).

« Je salue la décision historique du président Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple» twittait le président Macron, le 5 mars 2020. Aujourd’hui, le changement de cap d’Alassane OUATTARA fait grincer des dents du côté de l’Elysée. « La France se mure dans le silence. Les chancelleries sont gênées aux entournures (…) Au niveau de la sous-région, tout le monde comptait sur le fait qu’il ne se représente pas, pour dissuader de façon indirecte, certaines velléités présidentielles dans d’autres pays voisins » explique Jean-Claude FÉLIX-TCHICAYA, Chercheur en géopolitique à l’IPSE (Institut Prospective & Sécurité en Europe).

Le coup d’Etat militaire au Mali, qui a contraint le président Ibrahim Boubacar KEÏTA (IBK), à la démission le 19 août dernier, est venu rappeler que nul n’est indétrônable. Dans l’attente de prochaines élections, le Mali déjà plongé dans une grave crise sécuritaire, se retrouve désormais aux prises avec une profonde crise de gouvernance. Putsch militaire ou printemps malien ? La jeunesse est dans la rue et réclame un changement de paradigme dans un pays exsangue, ravagé par les luttes communautaires et les attaques terroristes. Peut-on craindre que les manifestations en Côte d’Ivoire, ne virent au même scénario qu’au Mali voisin ? « Une déstabilisation n’est pas à exclure » estime Jean-Claude FÉLIX-TCHICAYA. « J’ignore si un scénario malien est possible en Côte d’Ivoire, mais il y aura sûrement des manifestations qui seront aussi imbibées d’une vision nouvelle reposant sur une géopolitique des peuples, qui refusent l’anachronisme de leurs représentants politiques (…) Lorsque Henri Konan BÉDIÉ, candidat aux élections présidentielles à l’âge de 86 ans, prétend représenter la jeunesse ivoirienne, l’anachronisme est ahurissant » souligne le Chercheur. « Alassane OUATTARA est à contresens de l’Histoire. C’est assez décevant de sa part. Il aurait pu sortir par la grande porte grâce à son bilan économique. Ce ne sera pas le cas » conclue t-il.

De son côté, ADO déclarait le 17 août depuis Abidjan qu’ « on ne peut pas préparer un successeur en 4 semaines » (ndlr : 1er tour prévu le 31 octobre 2020), pas davantage qu’on ne peut « fuir son destin »…

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50 ans d’indépendance de Guinée Bissau: OLIGUI NGUEMA prend part aux festivités

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Invité par son homologue Bissau-Guinéen, le Président de la Transition, le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA a pris part ce jour à l’Avenue Amilcar Cabral à la célébration du 50ème anniversaire de l’accession à la magistrature suprême de la République de Guinée Bissau.

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Cette commémoration a vu la participation de plusieurs Chefs d’État, de leaders politiques, du corps diplomatique, des organismes internationaux et d’anciens leaders et dirigeants qui ont marqué l’histoire de ce pays ami.

Après les parades militaire, populaire et la revue des troupes marquant l’événement, le Général Umaro SISSOCO EMBALÓ a livré une adresse au peuple bissau-guinéen à travers laquelle il a rendu hommage aux héros de l’indépendance de la Guinée Bissau.

Au terme de cette cérémonie, le Président de la Transition a adressé ses félicitations à son Homologue pour l’organisation des festivités et s’est dit honoré par l’accueil qui lui a été réservé en terre bissau-guinéenne. Le Général Brice Clotaire OLIGUI NGUEMA a par ailleurs saisi ces moments pour réitérer la volonté du Gabon de développer un partenariat actif avec la Guinée Bissau.

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RCA: après 16 mois de détention un prisonnier français, libéré grâce à Ali BONGO

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Juan Rémy QUIGNOLOT a enfin pu regagner sa France natale dimanche 21 mai 2023. Après 16 mois de détention préventive à Bangui (RCA) où il avait été arrêté en mai 2021. L’interpellation de cet ancien militaire de 57 ans, était consécutive à la découvert, à son domicile, d’un important stock d’armes. Sous contrôle judiciaire depuis le 22 septembre 2022, avec interdiction de quitter le territoire centrafricain, Juan Rémy QUIGNOLOT a finalement pu s’en aller grâce à la diplomatie d’Ali BONGO ONDIMBA qui aura pesé de tout son poids dans ce dossier. Le Chef de l’État gabonais est d’ailleurs à l’origine de la remise en liberté du français 8 mois plus tôt. Parti de Bangui le mardi 18 mai dernier, Juan Rémy QUIGNOLOT a marqué une halte de deux jours à Libreville. Si rien n’a filtré de cette escale en terres Gabonaises, l’on imagine bien que l’ancien militaire français, que l’on dit «très éprouvé physiquement» en a profité pour remercier Ali BONGO ONDIMBA. Et pour cause. Approchée par nos confrères de l’AFP, Caroline QUIGNOLOT, la sœur de l’ancien militaire, a confirmé que le Président gabonais «a joué un rôle important dans sa libération», faisant office de «médiateur» entre Bangui et Paris.

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Accusé de racisme, Kaïs SAIED se dit à la hâte “africain et fier de l’être”

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Deux semaines après son discours dénonçant l’arrivée de «hordes de migrants» subsahariens clandestins en Tunisie, le président Kaïs Saïed a reçu Umaro Sissoco EMBALO, le chef d’État bissau-guinéen et président de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cédéao). Selon le Chef de l’État tunisien qui dément tout propos raciste, son message avait pour seul objectif de faire appliquer la loi concernant les étrangers en situation irrégulière dans le pays. «Je suis contre la traite des êtres humains, des africains particulièrement, soit en Tunisie, soit ailleurs. Mais cette situation ne peut pas être interprétée par les langues malveillantes de racisme. De quoi ils parlent ? Ils divaguent !», a-t-il déclaré. Pour le président en exercice de la Cédéao qui a justifié sa venue à Tunis par la présence des ressortissants des pays de l’Afrique au sud du Sahara, les propos de son homologue ont été mal interprétés. «Je pense que même les Tunisiens vont comprendre que ses propos qui ont été détournés, ce n’est pas l’esprit, ce n’est pas la logique. Je ne pourrai pas croire que vous, président tunisien, pays de Bourguiba, peut être xénophobe ou raciste. Vous-même, vous êtes Africain… ». Rebondissant aux propos de son homologue, Kaïs Saïed a enchaîné : «Je suis Africain et je suis fière de l’être». Le président bissau-guinéen a assuré s’expliquer sur la situation, qui, selon lui, relèverait plus «d’incompréhensions». «En tant que président de la CEDEAO, je rendis visite au Président Kaïs SAÏED pour m’enquérir de la situation des africains subsahariens en Tunisie. Evoquant la déformation de ses propos, il assura de croire aux valeurs africaines d’union, d’accueil et de respect et les préserver». Pour rappel, le président tunisien avait affirmé, le 21 février, que la présence en Tunisie de «hordes» d’immigrés clandestins provenant d’Afrique subsaharienne était source de «violence et de crimes» et relevait d’une «entreprise criminelle» visant à «changer la composition démographique» du pays. Des propos qui susciterent un tollé dans le pays, où les ressortissants d’Afrique subsaharienne font état, depuis lors, d’une recrudescence des agressions les visant, au point de les faire se précipiter dans les ambassades pour être rapatriées.

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