Politique
Gabon /Journées parlementaires de l’opposition: vers une nouvelle alliance, pour une nouvelle défaite
L‘Union nationale (UN) de Paulette MISSAMBO, Rassemblement pour la patrie (RPM) d’Hugues Alexandre BARRO CHAMBRIER et Les Démocrates (LD) de Guy NZOUBA NDAMA, les trois principaux partis politiques de l’opposition gabonaise, où du moins ce qu’il en reste, se sont retrouvés, samedi 23 avril 2022, à Lambaréné, capitale provinciale du Moyen-Ogooué, pour une journée dite consacrée à la « problématique de l’alternance ». Baptisée journée parlementaire de l’opposition, parce que initiée par des parlementaires et rassemblant une centaine de députés, sénateurs, élus locaux de l’opposition, celle-ci avait pour but d’accorder les violons de ces trois formations politiques pour battre Ali BONGO ONDIMBA à la présidentielle de 2023.
La journée parlementaire de l’opposition s’est, de ce fait, articulée autour de débats, échanges, analyses de la situation électorale du Gabon. La rencontre a, ainsi, servi à identifier les obstacles empêchant l’alternance, et lister des recommandations qui permettraient de dégager une stratégie électorale commune.
Mais si l’on peut saluer ces retrouvailles entre partis de l’opposition qui entendent agir à l’unisson en 2023 qui, faut-il le rappeler, est une année triplement électorale en ce sens qu’elle vera la tenue de trois scrutins (présidentielle, législatives et locales), il y’a cependant que dans cette opposition, les « unions sacrées » ne sont guère que de façade.
Ce n’est pas la première fois que des formations politiques de l’opposition se retrouvent autour d’un projet commun. Dans les années 1990, il y’a eu la Convention de l’opposition démocratique (COD), puis le Haut Conseil de la République qui muera ensuite en Haut Conseil de la résistance. En 2012, il y’a la création à Mouila, de l’Union des forces du changement (UFC), qui connaîtra des dissensions internes à cause de la présence de l’UN alors dissoute. Conséquence de cette situation, des partis membres s’en iront créer l’Union des forces pour l’alternance (UFA). En 2016, c’est un passage en force qui a imposé Jean PING comme « candidat unique de l’opposition ». On sait ce que sont devenus tous ces rassemblements de l’opposition par la suite.
Selon le communiqué final de cette journée parlementaire, la synthèse servira de base dans la négociation des réformes avec le gouvernement. Pour Paulette MISSAMBO, « le système est taillé pour avantager le pouvoir qui pourtant aurait intérêt à changer, afin d’éviter une crise comme en 2016 » où le Gabon avait enregistré plusieurs dizaines de morts. Et Guy NZOUBA NDAMA de renchérir: « on peut parvenir à réformer le système. Quand on est de bonne volonté on trouve toujours le temps de négocier », dit-il en direction du gouvernement.
Comme nous le soulignions tantôt, ce n’est pas une première dans l’histoire du Gabon, comme l’a prétendu Paulette MISSAMBO, en déclarant : « C’est une première que l’on soit tous les trois réunis ensemble. C’est déjà une marche vers l’unité ». Le problème de l’opposition gabonaise n’a jamais été l’union, mais plutôt la sincérité de ses acteurs dont les agendas « secrets » de certains font souvent surface au moment de faire bloc commun.
L’autre grande faiblesse de cette opposition, c’est son manque d’interactions et de concertations. Se retrouver pour épiloguer sur la réforme du code électoral, l’observation et l’annonce des résultats, le financement de la campagne ou encore révision de la liste électorale, sonne donc comme du déjà entendu. La suite?…
Il faut dire que pour grand nombre de citoyens, qui se désintéressent de plus en plus des affaires politiques, Ali BONGO n’a pas d’opposants sérieux pour cette échéance tant attendue de 2023. Et pour cause, depuis l’absence de Jean PING de a scène politique, aucune figure sérieuse dans l’opposition ne s’est détachée depuis le début de ce 2e septennat. Par conséquent, le taux de participation au vote risquerait d’être moins important, car sans nul doute le taux d’abstraction pourrait être lui bien élevé.
MEZ