Economie
“Ça ressemble à des faux billets” taximans & boutiquiers boudent les nouveaux billets
Le 15 décembre 2022 a eu lieu, dans l’espace de la Communauté économique et monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC) la mise en circulation de la nouvelle gamme des billets de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale (BEAC), vingt ans après la gamme sortie en 2002. Les responsables de l’institution financière, soucieux de la sécurité des transactions, fondent beaucoup d’espoir en ces nouveaux moyens d’échange. Cependant, force est de constater que les choses ne semblent pas faciles sur le terrain.
En effet, les opérateurs économiques, notamment les chauffeurs de taxi, refusent d’être payés avec ces nouveaux billets. «Hier, en achetant de la tomate, j’ai tendu un nouveau billet à une dame qui l’a refusé. Elle a pensé que c’était un faux billet ou qui ne passait pas. Au final, elle l’a pris mais a précisé qu’elle me rappellera s’il y a un problème», a déclaré Diane, une jeune gérante de cyber Café. Et Geoffroy, un pâtissier travaillant dans une chaîne de boulangerie, de renchérir : «nous n’avons pas encore été confrontés à un client qui nous tend un nouveau billet et avons très peu d’informations là – dessus. Nous attendons des instructions de notre hiérarchie pour les accepter».
L’idée générale qui en découle serait donc un manque d’information : excepté ceux présents sur les réseaux sociaux, très peu, parmi eux, semblent savoir qu’il y a de nouveaux billets en circulation. «Je ne vois pas pourquoi je vais refuser les nouveaux billets, c’est l’argent : j’avais déjà vu les publications sur Facebook. Donc, je savais qu’ils arrivaient», a déclaré Hassan, gérant d’une supérette.
L’une des particularités de ces nouveaux billets est la présence d’écritures de toutes les langues officielles dans l’espace CEMAC, dont l’Arabe, la 2nde langue officielle du Tchad ; or, la présence de cette dernière constitue l’une des raisons pour lesquelles d’aucuns se méfient de ces billets.
« Ces nouveaux billets ont un aspect fédérateur car ils appellent à une plus grande intégration : le monde est en train de devenir un village planétaire. Nous devons évoluer ensemble. Certains des produits que nous vendons proviennent des pays arabes. S’ils ferment les vannes, que ferons – nous ? ceux qui pensent ainsi veulent rester en arrière », estime Mohamed, l’un des responsables du Prix import d’Awendje.
Gageons qu’une campagne de sensibilisation sur les nouveaux billets soit bientôt lancée pour rassurer tout le monde. «Le Gouvernement n’a qu’à produire un communiqué sur la question, ça dissipera les peurs», suggère Chimène, vendeuse de recharges Airtel, Libertis et Canal plus. Une bonne suggestion, faut-il reconnaître d’autant que les gabonais croient participer avec ces nouvelles coupures à un jeu de Monopoly grandeur nature.