Afrique
Dialogue National : le Cameroun donne l’exemple
Le Cameroun a vibré hier, au rythme de l’ouverture du « Grand Dialogue National », initié par l’Exécutif sous l’égide de la communauté internationale, pour tenter de désamorcer la crise dite « anglophone », qui a causé des milliers de morts et des centaines de déplacés, depuis trois ans.
Bien que la partie dissidente ne participe pas à ces assises, rapporte “Echos du Nord”, l’organisation de ce dialogue s’entend bien comme un geste voulu par les plus hautes autorités camerounaises, afin d’ouvrir la voie à une sortie de crise, qui semblait hors de portée jusque-là.
En effet, si le doute plane encore quant à la neutralité de cette rencontre, le mérite revient au sommet de l’Etat pour la démonstration d’une volonté de ramener la stabilité au sein du climat sociopolitique délétère qui a prévalu jusque-là dans le pays. Et c’est dans cet exercice que très peu de chefs d’état et de gouvernements peinent à se lancer.
Pourquoi toujours attendre que le vivre-ensemble soit en péril, que les indicateurs sociaux soient au rouge ou que le désespoir et la colère se transforment en extrémisme, pour que les dirigeants africains et en particulier de la sous-région d’Afrique Centrale, se résignent en dernier ressort à installer le dialogue ? Or les concertations de ce genre sont l’apanage des démocraties des autres régions du continent.
Au Gabon, l’on a la nette impression que la classe dirigeante se complait dans une sorte d’image d’Epinal, qui leur fait miroiter le spectre d’une société où tout va pour le mieux. Alors que le quotidien des populations s’avère de plus en plus difficile, le fossé entre ces dernières et l’élite au pouvoir se creuse inexorablement, malgré les images sulfureuses d’une joie éphémère au demeurant toujours monnayée, lors des « tournées » politiques.
Bref, le dialogue qui se poursuit au Cameroun doit interpeller les consciences des décideurs. Il n’est pas à souhaiter que la situation actuelle perdure, au risque de voir les uns et les autres verser, désespoir de cause, dans les pires extrémismes. D’ailleurs, la tentative de coup d’état perpétrée en début de cette année aurait dû amener les pouvoirs publics à reconsidérer leurs choix, qui malheureusement n’ont pas permis jusqu’alors de pouvoir ramener la sérénité dans une société qui grogne un peu plus chaque jour. À bon entendeur…