Afrique
Guinée: la monogamie comme règle désormais, sauf «en cas d’accord explicite» de la première femme
En Guinée, dit Conakry, le parlement a voté en séance plénière du jeudi 09 mai, un nouveau texte de loi faisant de la monogamie le régime général du mariage. Celui-ci prend à contre-pied un texte voté en 2018 légalisant la polygamie. Ce dernier avait par ailleurs été rejeté par le président Alpha CONDÉ.
La nouvelle a été au cœur de nombreuses critiques dans le pays dans toutes les couches de la société. En effet dans ce pays de confession musulmane, la polygamie est une pratique courante, les hommes y ont jusqu’à quatre épouses. Bien que que toutes ne bénéficient pas des mêmes droits. D’ailleurs, la loi avait autorisé ce régime, aux époux, dans l’article 281 du code civil. «Le mariage peut être conclu soit sous le régime de la monogamie, soit sous le régime de la polygamie limitée à quatre femmes».
Le président CONDÉ, qui n’y était pas favorable avait décidé de renvoyer ce texte au parlement pour révision. Il en ressort en deuxième lecture que, les hommes devraient dorénavant solliciter l’accord de leur première épouse, pour prétendre épouser une seconde épouse, ou plus. C’est ce qu’exige le nouveau texte adopté par le parlement il y’a plus d’une semaine. En effet, 71 des 73 députés présents ont voté en faveur de ce texte, qui affirme à présent que «le mariage est soumis au régime de la monogamie pour tous les citoyens guinéens».
Toutefois, «le futur mari peut, au moment de la célébration du mariage, en présence de sa future épouse et avec l’accord explicite de celle-ci, déclarer qu’il opte pour la polygamie limitée à deux, trois ou quatre femmes au maximum», selon un texte qui fait écho à la situation au Sénégal voisin. A défaut, «le mariage est placé de manière irrévocable sous le régime de la monogamie», précise ledit texte.
Pour nombre de guinéens c’est le chaos. «Si par la grâce de Dieu, un homme décide d’épouser une fille et que quelqu’un vient lui dire qu’il ne peut pas parce qu’il est marié à une autre, vous voyez ce que ça fait», a commenté le grand imam de la mosquée de Kipé, un quartier de Conakry, en expliquant que le Coran autorise jusqu’à quatre épouses «à conditions d’être justes avec elles». Alors que la députée Traoré Zalikatou Diallo, a quant à elle estimé que les discriminations faites aux femmes ont été corrigées par cette loi.