Gabon: vers le bâillonnement du satirique “Bazooka”?

Regarde mais ne touches pas! Goutte mais ne bois pas ! Écoute (chut) mais ne parles pas!». Des mots qui rappellent les paroles du titre à succès des années 90 “Vie de haine” du groupe gabonais “Raboon”. Mais pas que! Parce qu’ils ressemblent à une injonction à laquelle l’hebdomadaire satirique “Bazooka” pourrait être soumis. Peu circonspect dans sa parution n°33 où des confrères ont été cités comme bénéficiaires de perdiems mensuels “excessifs” il a fait l’objet de l’ouverture d’une procédure judiciaire par les responsables des publications, de Gabon review et Gabon média time, pour diffamation.

Pourtant revendiquée au Gabon par les professionnels des médias, la liberté de la presse pourrait bien être entravée par ces derniers eux-mêmes. En effet, la procédure judiciaire initiée à l’encontre du journal satirique “Bazooka” apparaît comme une volonté de «museler» un confrère. Lequel, conformément à sa ligne éditoriale qui se veut critique, aurait simplement réitérer des accusations énoncées devant la Cour criminelle spéciale. 

Acteurs importants de la communication en ligne au Gabon, les requérants de cette action en justice, iront-ils au bout de ce qui apparaît dans l’opinion comme une tentative d’intimidation ? L’on ne saurait le dire. Mais celle-ci ne saurait que fragiliser davantage le cocon de la presse libre et indépendante nationale.