Société/Environnement
Ogooué-lolo: mise en place d’une patrouille anti-braconnage
L’Etat gabonais, par le biais du ministère des Eaux et forêts, en partenariat avec l’Organisation Non-Gouvernementale (ONG) belge Conservation Justice et la compagnie suisso – gabonaise Precious Woods – CEB, a mis sur pied une brigade qui a pour objectif de lutter contre les braconniers. Celle-ci, dont la présence permettra également de rassurer les villageois dont les plantations sont dévastées par les éléphants.
Cette patrouille traque les braconniers, tout au long de la journée et exerce principalement dans les alentours de la commune de Lastourville, chef – lieu du département de Mulundu, dans la province de l’Ogooué – Lolo. La zone est fortement touchée par le braconnage et les pistes, creusées dans la forêt pour l’exploitation du bois, profite aussi aux chasseurs.
«Tout le monde braconne, il n’y a pas de profil type. Du villageois qui cherche à se nourrir au notable de la ville qui entretient un circuit international», explique le Commandant Jerry IBALA MAYOMBO, chef de cette brigade, à nos confrères de l’Agence Française de Presse (AFP). Avant de poursuivre, «notre mission est d’éduquer, sensibiliser et, en dernier ressort, réprimer».
En 2021, la brigade a saisi 26 armes, une quarantaine de gibiers et interpellé huit personnes pour trafic d’ivoire. Selon le Commandant, la tendance est à la baisse. Autre aspect préoccupant, c’est le conflit homme-faune. En effet, les populations villageoises voient régulièrement leurs champs ravagés par les éléphants de forêt, une espèce menacée d’extinction, dont la population mondiale a chuté de 86% en trois décennies mais a doublé en une seule au Gabon, pour atteindre 95.000 individus.
La lutte pour préserver la biodiversité donne le sentiment, chez certains, que l’Homme passe après les animaux. «On a compris qu’on préservait les éléphants. On ne les chasse pas. Donc les éléphants sont plus importants que nous. Donc on va mourir. Mon mari et moi n’avons pas la retraite. Ce sont les éléphants qui vont voter ? Si tout le monde est comme moi, oh ! Les bulletins vont aller dans le vide », menace, en sanglots, Hélène BENGA, une compatriote de 67 ans.
Pour expliquer l’intérêt de protéger la faune et la flore et rappeler la loi, les employés de Precious Woods – CEB et des membres de Conservation Justice organisent, régulièrement, des campagnes de sensibilisation dans les villages. Des questions liées aux dates d’ouverture et zones de chasse autorisées, espèces protégées et démarches pour obtenir un permis sont très souvent posées.
Il est opportun de rappeler que le Gabon fait de la protection de sa biodiversité une priorité, ce qui fait de notre pays le leader du secteur dans la zone CEMAC. En 2002, pour protéger certains animaux tels que le gorille, l’éléphant ou la panthère, un réseau de 13 parcs nationaux, couvrant 11% du territoire national, a été créé. Et en 2017, 20 aires marines protégées, sur plus de 53.000 km2, soit la plus grande réserve d’Afrique, s’étalant sur 27% des eaux territoriales, ont vu le jour.