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“Balance ton Capello”: retour sur 2 ans de scandales sexuels en République gabonaise

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La problématique des scandales sexuels au Gabon, représente une épine dans le pied du législateur gabonais, qui parfois peine à mettre la main sur les auteurs de ces crimes, et un sujet tabou pour les victimes et leurs familles. Depuis que l’affaire « Capello » a été divulguée de par le monde entier grâce à l’enquête du journal britannique “The Guardian”, l’on constate que les témoignages inondent la étoile. Les victimes, proches et anciens footballeurs se prêtent au jeu, pour dénoncer ces actes d’abus sexuels, qui représentent une torture pour eux à cette époque. Cette récente affaire de pédophilie découverte dans le monde du football gabonais, vient simplement, montré à quel point, le problème des abus sexuels sur mineurs au Gabon, remonte de plusieurs années. On se souviendra en 2019, de l’affaire de l’homme d’affaires Alexis NDOUNA, dont, les cibles étaient les petites filles qui appartenaient à un réseau de placement.

Il y a 4 ans de cela, des voix féminines s’élevaient pour dénoncer viols et agressions sexuelles dans le cadre de « l’affaire Weinstein« . Du nom d’Harvey WEINSTEIN, personnalité influente de l’industrie du cinéma américain ces actes de bravoures ont donné naissance au célèbre mouvement mondial, #Metoo. Avec des variantes traduisants généralement l’expression dans la langue nationale, tels que #BalanceTonPorc en France où encore #MoiAussi au Québec.

D’un bout de la planète à l’autre, aujourd’hui c’est le Gabon qui en est frappé. Depuis plusieurs jours en effet, la toile crépite au rythme des témoignages des victimes d’abus sexuels, et des messages de soutien des proches, parents et amis. Comme qui dirait, l’affaire de Patrick ASSOUMOU EYI, qui bénéficie jusqu’à ce jour de la présomption d’innocence, plus connu sous son pseudo « Capello« , a réveillé les consciences, et donné du courage à plusieurs personnes pour en parler. 

Une situation qui ne s’était presque jamais produite auparavant, ou les victimes pouvaient envahir la toile pour témoigner, au regard d’une certaine fragilité et le manque de confiance des populations vis-à -vis de la justice de leur pays.

Ce qui est différent aujourd’hui. Car ils sont moult à parler. C’est le cas de cette vidéo diffusée sur la page Facebook du cyberactiviste  »bandecon en chef », dans laquelle, on entend un jeune témoigner par appel téléphonique, de la manière dont il a été approché par ses bourreaux, afin d’être sélectionné dans les équipes de football.

L’ancien adjoint de Patrick ASSOUMOU EYI, Brice MAKAYA a lui aussi fait des révélations graves en rapport avec la pédophilie pratiquée dans le milieu du football gabonais. Dont il avait pourtant connaissance. «Ce système est implanté depuis. Parce que, moi j’ai été à l’intérieur de ce système. Et j’ai dénoncé plusieurs fois. J’ai même dénoncé auprès du bureau fédéral plusieurs fois», a-t-il confié dans une interview accordée à “info241”. 

Avant d’ajouter, «Même moi, à un moment donné, je me heurtais à lui, quand on jouait contre ses clubs, SOGEA et bien d’autres. Parfois, j’étais amené à lui dire de la fermer, parce qu’il était en train d’ abuser des enfants. J’ai fais des clashs avec la personne aujourd’hui accusée de cette situation de pédophilie. Mais c’est une cause perdue pour des personnes comme nous. Déjà j’ai été stigmatisé plusieurs fois, en étant quelqu’un qui a un franc parlé».

On se souvient également des confessions faites à l’église par l’ancien international gabonais Shiva Star, sur son changement de nom, et des actes sexuels contre nature qu’il dit avoir commis. «J’ai eu à coucher avec un ami à moi, un homme. J’ai eu une autre relation de longue durée, aussi avec un homme», a-t-on pu lire de la vidéo de son témoignage.

Par ailleurs, comme plusieurs personnes sur le net, Landry POULANGOYE, ancien international gabonais, a joué la carte d’interpellation au numéro 1 gabonais, Ali BONGO ONDIMBA, pour que les dirigeants du football gabonais actuel, démissionnent. «Je viens par cette vidéo, interpeller notre président de la République, qui est un fan du sport, et fan de Football en particulier. Que toutes les instances de Football au Gabon démissionnent», a-t-il indiqué.

En outre, cette série de soutiens et de témoignages devraient avoir des bases solides, afin que les victimes aient le courage de dénoncer leurs bourreaux dans l’anonymat, comme c’est le cas du site européen  »Balance ton corps », qui leur permet de parler sans être identifiés. Mais l’affaire a connu une évolution au cours des dernières heures. Car, le principal accusé, Patrick ASSOUMOU EYI, a été arrêté hier à Ntoum.

Quant aux présumées victimes, la Fédération gabonaise de Football (FEGAFOOT) a annoncé l’ouverture d’une enquête, pour laquelle, elle a indiqué être disposée à écouter leurs témoignages. L’appel à victimes, lancé par le président du comité d’éthique dans les colonnes du quotidien “L’Union” de ce 21 décembre 2021, précise, que les auditions se tiendront du 21 au 31 décembre entre 12h et 18h au siège de la Fédération. 

À ce titre, les familles et victimes espèrent que toute la lumière sera faite, comme c’est fût le cas en 2019, avec le célèbre homme d’affaires Alexis NDOUNA, qui avait été arrêté pour abus sexuels sur mineures. Et récemment encore avec les révélations d’incestes concernant, Jules César LEKOGO ancien sénateur du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) pour le compte du département de Lékoni-Lékori (Haut-Ogooué) actuellement en prison.

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