Société/Environnement
Gabon: Tic tac le 15 décembre “is coming”
Rassurez-vous, le « is coming » n’est pas un clin d’œil aux fans de la célèbre saga « Game of thrones » écrite par Georges R.R MARTIN. Mais l’avènement d’un “Demain un nouveau jour” le 15 décembre 2021 comme annoncé en grand titre par le quotidien national “L’Union” du 14 du même mois. Désormais, sur toutes les lèvres, l’on évoque plus que cette date: «koh, le 15 décembre arrive !», justement comme l’hiver qui transpercerait le gigantesque mur de protection de glace dans le nord de « Westeros ». Tel un défi lancé, les gabonais, à la fois spectateurs et acteurs, attendent de voir de quel côté va pencher la balance entre le gouvernement qui n’a de cesse d’inciter les citoyens à la vaccination pour pouvoir vaquer librement à leurs occupations. Et une société suspicieuse et réfractaire face au vaccin, qu’elle pense dressé tel un bâton, pour la priver de sa liberté de choisir, sous peine de ne pouvoir se mouvoir dans les lieux publics. Appelant ainsi, à la ville morte, en cette date cruciale, pour tenter de faire reculer les autorités, qui, répondant aux «élucubrations» faites autour de l’obligation vaccinales rappelle que «nous n’avons jamais dit que le vaccin était obligatoire au Gabon”, d’autant que la population dispose d’une alternative qu’est le test PCR. Quoi qu’il en soit, à 24 heures du choc des titans, le gouvernement qui a donné ce 13 décembre 2021 une conférence de presse, a d’ores et déjà fixé le cadre de cette confrontation.
Heureux sera celui qui s’est fait vacciner avant le 15 décembre. En référence au titre de “L’Union” susmentionné, on imagine bien que ces bienveillants enfants de la République pourront chanter en coeur: «it’s a new day,
It’s a new life, For me, And I’m feeling good», un extrait du refrain tiré de la chanson de Michael BUBLÉ, “Feeling good”. Les autres, savent qu’ils doivent soit obtempérer à défaut d’envisager une vie d’ermite. C’est-à-dire un au-revoir à la civilisation.
45 jours déjà depuis l’annonce, le 27 octobre dernier, du gouvernement de la présentation d’une carte de vaccination à défaut d’un test PCR négatif pour accéder aux administrations publiques, entreprises et autres lieux publics, deux camps se sont érigés et de façon plutôt distincte. En soutien aux recommandations du gouvernement, les sites de vaccination ont atteint au cours de ces derniers jours leur pics de “volontaires”. À l’instar du vaccinodrome du stade d’Angondjé qui a enregistré jusqu’à 800 personnes vaccinées en une journée.
Une tendance haussière que le le ministre de la Santé, Guy Patrick OBIANG NDONG a justifiée ce 13 décembre par «une adhésion massive de la population à la vaccination». Alors, à quelques heures seulement de la grande migration vers un retour à la vie normale, deux alternatives s’offrent aux réfractaires.
La première, «le 15 décembre, je reste chez moi», pour ceux qui ne bénéficient à ce jour d’aucune dose de sérum anti-Covid. La deuxième, celle de «vaquer tranquillement à mes occupations», sans contrainte de temps ni d’espace, d’autant que les établissements de divertissement seront désormais autorisés à ouvrir à condition que soit vacciné l’ensemble de leur personnel.
Toute chose que les «anti-covax» voient comme une décision privative de leur liberté à choisir. Contre laquelle, ils ont appelé, en signe de protestation contre les mesures gouvernementales, à la tenue d’un “mercredi noir”, au cours duquel ils appellent à l’observation d’une “ville morte”. Société civile, syndicats, partis politiques de l’opposition parmi lesquels, Les Démocrates, dont le leader, Guy NZOUBA NDAMA a qualifié le passage en force des autorités comme «un acte désespéré», «le signe patent d’un échec incomparable de la part d’un gouvernement à l’humeur brouillonne, sans consistance, ni envergure» (L’Aube, 13 décembre 2021).
Dans le même sens, le Syndicat national des personnels de santé et assimilés ( SYNAPSA), qui dénonce le «confusionisme, le chantage et le harcèlement du gouvernement actuel relatif à la myriade de (…) sérum en phase expérimentales, (…) condamne avec vigueur, l’approche sacrificielle optée par le gouvernement sous le fallacieux prétexte de protéger les gabonais». Le syndicat a donc appelé le personnel soignant à se rendre vacciné ou non sur leurs lieux de travail, «maintenant si les responsables des structures sanitaires nous chassent parce qu’on n’est pas vacciné, parce qu’on n’a pas de test PCR, nous allons prendre acte pour que demain qu’on ne dise pas que si tel médecin n’est pas arrivé à son poste que c’est de sa volonté», a martelé le secrétaire général du syndicat, Serghes MICKALA MOUNDANGA.
Entre menaces de grève des syndicats de la confédération Dynamique unitaire, qui a déposé le 06 décembre 2021, auprès du chef du gouvernement Rose Christiane OSSOUKA RAPONDA, un préavis de grève qui pourrait se généraliser aux entreprises ainsi qu’à l’administration publique nationale des territoriale, pour protester contre la fin de la gratuité des tests PCR le 15 décembre et le départ précipité des élèves en vacances de fin d’année pour une durée plus longue qu’à l’accoutumée, l’on pourrait croire que le bras de fer qui se dessine à l’horizon va être des plus coriaces. De tous les côtés, l’on affûte ses armes.
Si pour le gouvernement «il n’y a aucune raison pour que les populations descendent dans la rue», c’est que celles-ci ont opté de se terrer dans leurs domiciles, désertant leurs lieux de travail. Si le mouvement est largement suivi, il pourrait donner un coup de frein à la relance prônée par le gouvernement. Mais plus encore, avoir une incidence grave sur la santé publique, qui se verra privée de ses pratiquants.