Economie
Gabon: La dette intérieure, preuve de défiance entre la Présidence et le Gouvernement ?
Depuis la mise en place de la Taskforce de la Présidence de la République sur la dette intérieure, qui a notamment permis de révéler l’existence d’une partie considérable de celle-ci comme étant fictive, le Gouvernement semble totalement en retrait de la question. Pourtant, juridiquement, le service de la dette incombe au département ministériel en charge de l’Economie. Le transfert de fait de cette compétence vers la Présidence laisse planer une atmosphère de défiance du sommet de l’Exécutif vis-à-vis de la Haute Administration.
Créée par arrêté N°006/PR du 20 juin 2020 et relevant de la Présidence de la République, la Taskforce sur la dette intérieure de la Présidence de la République a entre autres pour missions, de passer en revue le fichier de la dette intérieure et de s’assurer de sa réalité. C’est la base réglementaire de son action qui a permis jusqu’alors de faire annuler pour près de 300 milliards de francs CFA de dette intérieure, après un audit des plus rigoureux.
Si, suite à cette extraordinaire découverte, le travail abattu par la Taskforce présidentielle a été salué de toute part, l’on peut se poser finalement la question du rôle du Gouvernement sur le sujet, qui rappelons-le, touche aux finances publiques. En effet, le paiement de la dette intérieure participe du service de la dette inscrit au budget de l’Etat. De ce fait, dans le principe, c’est le Ministère des Finances ou du Budget qui est compétent sur la question. Alors, que traduit cette gestion nouvelle de la dette intérieure par la Presidence la République ?
Une question qui se pose avec d’autant plus d’acuité que le 14 octobre 2020, un communiqué de la Présidence de la République rappelait « qu’aucun dossier de paiement ne sera pris en compte en dehors de ceux examinés par la Taskforce présidentielle. Tout autre interlocuteur, quel qu’il soit, n’a aucune qualité ni compétence pour intervenir en ce domaine », précisant que « cette dernière est l’unique instance habilitée à cet effet ». L’écartement total du Gouvernement ainsi acté, il apparaît clair que les affaires se traitent désormais directement avec le sommet de l’Exécutif, au détriment de la Haute Administration dont le Trésor Public gérait jusqu’alors le paiement de la dette intérieure.
Au regard de ce qui précède, il semble q’un air de défiance cristallise à présent les relations entre le Palais de la Rénovation et le Gouvernement, mis en retrait définitif. Au-delà de ce désamour à peine dissimulé et suite à la révélation des milliards de dettes faussement établies, c’est sur le terrain de la transparence que l’opinion publique nationale attend désormais la Taskforce. En effet, il semblerait que de nombreuses entreprises nationales soient impliquées dans cet énième scandale financier et de plus en plus de voix, dont les confédérations patronales, s’élèvent pour demander la publication de la liste desdites entreprises afin de faire toute la lumière sur cette affaire et éventuellement punir les concernés. Sans suite pour l’instant. Affaire à suivre donc…
