Technologie

Le Mobile Money en zone CEMAC selon Olivier ONA

Publié

sur

Les chiffres sont vertigineux mais surtout reflètent le dynamisme de la Communauté Economique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) dans le marché du mobile money.

En effet, si l’on regarde la valeur des transactions en monnaie électronique dans la zone CEMAC après le rapport de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale on constate depuis 2015 une progression vertigineuse.

En 2016 la zone CEMAC a généré 1.185 milliards de franc CFA soit 1.8 milliards d’euros et deux ans après la même zone passait à 8.300 milliards de francs CFA soit 12.65 milliards d’euros !

Rien que dans la zone CEMAC on dénombre pas moins de 6.7 millions d’utilisateurs actifs ce qui n’est pas rien dans un marché qui subit des crises multiformes (rareté des devises…).

Il faut tout de même le rappeler, la CEMAC regroupe six pays que sont le Gabon, le Cameroun, la République centrafricaine, la République du Congo, la Guinée équatoriale et le Tchad.

Alors pourquoi en tant que professionnel du digital et surtout tech entrepreneur je m’intéresse au mobile money et à sa data ?

Simplement pour trois raisons :

  • Je crois fermement que l’inclusion financière passera par le digital donc par ricochet le mobile money.
  • Je crois fortement que le mobile money nous offre l’opportunité de développer le e-commerce.
  • Je crois à une véritable intégration sous régionale dans la zone CEMAC.

Je vais étayer mes propos en me référant au rapport Accès digital publié dans le Global Findex[1] de la Banque Mondiale début Août 2019 qui annonçait déjà que le digital était l’avenir de l’inclusion financière en Afrique soutenue par les conclusions du rapport de la Société Financière Internationale (groupe Banque Mondiale) en collaboration avec la fondation Master Card pour l’inclusion financière.

Ce rapport nous apprend par exemple que les pays d’Afrique de l’Ouest sont largement plus avancés sur la tendance services mobiles financiers. Déjà depuis 2014 la totalité des gains étaient générés par l’argent mobile et non par les banques classiques. D’ailleurs le rapport ressort la différence entre 2014 et 2017 au Sénégal ou le taux de pénétration est passé de 6 à 32% en trois ans seulement !

Evolution d’ailleurs confortée par les statistiques de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui fin 2017 faisaient état de 5.38 millions de comptes au Sénégal contre 4.40 millions un an plus tôt !

La valeur des transactions via la monnaie électronique elle, connait une hausse de 120% soit 2,2 fois supérieure en 2016 ! Soit une croissance globale de 21% dans la CEDEAO et d’ailleurs plus importante que celle relative aux banques classiques sur la même période chiffrée à 4%.

8000 milliards plus tard

Les chiffres sont affolants et nous pouvons remarquer que chaque année le mobile money prend de l’avance sur le système classique et ce n’est pas pour rien que dans certains états de la Communauté Economique et Monétaire d’Afrique Centrale (CEMAC), les autorités souhaitent surtaxer les transactions de mobile money à hauteur de 1.5% (cas du Gabon ou l’État a vite fait machine arrière).

Au Gabon par exemple, pour chaque transaction de moins de 255.000 Francs CFA, l’opérateur de téléphonie mobile prélève 3% du montant transféré ce qui revient à dire qu’avec la double taxation on parlera de 4.5%.

Mais pourquoi je parle de double taxe ? Tout simplement parce qu’une entreprise paie non seulement l’impôt sur les sociétés (IS), paie la TVA mais aussi la Contribution Spéciale de la Solidarité (CSS) et ce n’est pas tout! Toutes ses taxes et impôts vont déjà dans les caisses de l’Etat donc les entreprises sont déjà taxées à la base.

Même si de mon point de vue je pense que l’idée peut-être murie d’une autre façon et non pousser les opérateurs à revoir également leurs tarifications surtout dans nos économies instables, qui peinent à anticiper certains changements ou à véritablement amorcer une politique de diversification de leurs économies.

Aujourd’hui surtaxer les transactions de mobile money c’est porter un gros coup à tout un écosystème mais surtout mettre en péril l’inclusion financière et par ricochet le développement du e-commerce.

Dans mes investigations, j’ai cherché à comprendre comment un état, même souverain, vivant dans un écosystème régulé de type CEMAC pouvait surtaxer le secteur du mobile money sans au préalable la concertation du conseil des ministres des états membres voir de la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (Cobac).

Oui car dans un secteur qui a généré près de 8000 milliards de Francs CFA en 2018, il est évident que les états subissant de plein fouet les soubresauts de la conjoncture économique voudront à coups sûrs tirer de nouveaux revenus substantiels pour atténuer ainsi les coups de la récession et garder un improbable sentiment de stabilité économique (et politique ?).

Mais là encore, le problème est bien plus grand, l’impact est bien plus dommageable surtout comme dis plus haut pour nos économies largement dépendantes des cours du pétrole.

Trop d’impôts tue l’impôt ou encore trop de taxes tuent les taxes !

Peut-on dire même si l’esprit de concertation n’est pas monnaie courante dans la CEMAC car le plus souvent les grandes décisions politiques et économiques sont prises en aparté et le plus souvent au détriment des PME et autres startups.

Lire l’analyse intégrale en cliquant ici: https://onaparle.tech/2019/08/13/mobile-money-en-zone-cemac-8000-milliards-de-possibilites/

Olivier ONA: Blogueur, Tech-entrepreneur, Consultant-expert et vacataire en communication digitale

Laisser une Réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Quitter la version mobile